Woody II a écrit :le XXème siècle bien plus proche est bourré de ces évènements qui pourtant ne font pas autant polémique
Pourtant, le "génocide" des arméniens est encore d'actualité - si on veut parler hors France - et on peut toujours essayer de parler de la Guerre d'Algérie, je ne suis pas sûr que le résultat sera une conversation des plus apaisée
Et puis sur des faits plus anciens, on peut aussi parler du massacre des protestants, et la Vendée a bien dégusté aussi. Non, non, des braises et des casseroles, il en reste
En psychologie sociale, il est un phénomène bien connu depuis un demi-siècle qui est celui de la dissonance (selon M. Festinger) ou de l'équilibre (selon M. Heider). En gros, si on fait une grosse bêtise ou si on se trouve obligé de faire ou de dire quelque chose d'un peu contre-nature, on va relativiser pour revenir à un état satisfaisant notre bonne conscience. Cela marche au niveau de l'individu comme au niveau du groupe. Pour relativiser, on va fabriquer de bons vieux prétextes que l'on va bien ancrer pour bien se rassurer. C'est comme ça que l'on fabrique les légendes qui ont tant fonctionné les deux siècles passés sur ce sujet (mais ça marche pour toutes les époques). La fable qui illustre le mieux ça, c'est le renard qui ne peut attraper les grappes de raisin dont il avait très envie et qui, renonçant, se dit que de toutes façons ces raisins n'étaient pas mûrs.
Toujours dans le domaine de la psychologie sociale, il est aussi intéressant de voir comment les individus fonctionnent. Ce qui permet au groupe de se former et de rester uni, c'est l'acceptation commune d'une norme sociale, c'est à dire que l'on est tous d'accord sur telle ou telle idée. Alors, c'est sûr, quand la norme sociale vole (et donc les repères), le groupe n'est pas très bien (un peu en état de déséquilibre ou de dissonance aussi). D'où la tentation des leaders de fabriquer vite fait (et pas toujours bien fait) une nouvelle norme sociale. Cette norme sociale permet aussi de définir la notion de l'identité, c'est-à-dire comment on est si on est dedans le groupe, et ce qui fait qu'on est en dehors. Pour cela, il faut commencer par rationaliser et donc catégoriser le monde extérieur complexe et dangereux (un truc vieux comme le monde). Et comment on fait ? Rien de plus simple pour un leader, il suffit de fabriquer de bons stéréotypes. Bien évidemment, le stéréotype est super chouette, grand fort et intelligent à l'intérieur du groupe et pas terrible du tout à l'extérieur
J'ai quelque peu l'impression que certains politiques maitrisent assez bien la technique (qui est aussi assez bien théorisée et documentée depuis 50 ans)
. Et si on doit prendre autant de pincettes aujourd'hui, à mon avis, c'est que l'on a devant nous non pas une certaine réalité (que l'on souhaite atteindre, mais c'est asymptotique) mais des stéréotypes bien construits et bien ancrés dans les mentalités, et très utile pour une quelconque récupération comme le souligne très bien Woody II.
[@Marhyon] Tu t'en doutes certainement que je ne te rejoins pas complètement sur tes précédents messages, même si l'idée du "Vis ma vie" de républicain est intéressante
Mais à ce sujet-là, je te conseille vivement la lecture (mais tu l'as sûrement fait) des lettres des soldats républicains impliqués dans le conflit, et il en est venu de toute la France. Retourner à la source, toujours retourner aux sources et ne jamais oublier qu'il s'agit d'êtres humains vivant dans un écosystème social, politique, religieux, etc. et qu'il existe souvent des considérations fort personnelles pour expliquer des comportements que l'on croit dicté par le mouvement général. C'est pour cela que l'arrivée d'autres sciences humaines (mais pas seulement) dans le champ de l'Histoire est une excellente chose. Il est risqué de généraliser (même si tu avoues très honnêtement que tu as volontairement grossi les traits) cette perception à la fois de la Révolution et de l'insurrection vendéenne. Cette perception a été fort différente que l'on soit dans les grandes villes ou dans les campagnes, dans les différentes régions (il y a eu aussi des soulèvements bien réprimés dans le Sud entre autres), suivant le niveau socio-culturel, etc. Et quand tu parles de républicain, tu parles de girondin ou de jacobin ?
Je chipote. De même, attention au raisonnement "Il n'y avait pas une volonté d'exterminer les Vendéens, du moins si, mais les Vendéens = opposants et on voulait réprimer les opposants..." En effet, si tu te limites à la loi d'août 1793 qui s'arrête aux personnes prises les armes à la main. Sauf que les textes qui suivront donneront comme seul critère le fait d'être sur un territoire géographique et donc sans différence de sexe et d'âge (et d'opinion). Là encore, les sources, toujours les sources. Ceci dit bon courage pour la rédaction de ton mémoire (j'en ai écrit aussi quelques-uns il y a quelques années
)