par Woody II » 06 Mai 2016, 12:49
Ca y est je l’ai enfin vu ! Quelle claque bon sang, quelle claque ! Je vais détailler un peu plus mon avis ici, en trois points, si ça intéresse l’un d’entre vous pour en discuter.
I - La logistique
Gros point noir du spectacle à mon avis. Alors que les équipes du Puy du Fou sont plus que jamais présentes lors de l’entrée en salle, tout est encore très très mal géré. Le personnel de sécurité est débordé par de nombreuses personnes s’engouffrant dans les zones « pass émotion » (il faut dire que le début de la zone est très mal indiqué). Plusieurs centaines de spectateurs en trop sont entrés dans la salle, si bien qu’une personne de la sécurité a du faire un appel pour leur demander de sortir puisqu’elles étaient restées debout dans les allées… Enorme mécontentement chez les visiteurs qui se voient refuser un spectacle après y être entré. Un système de tourniquet va devoir être mis en place aux entrées du manoir pour clarifier un peu plus le flux de personnes parce que là c’est globalement ingérable pour les équipes extérieures et intérieures.
J’ai également noté avec un sourire la voix off d’introduction du spectacle qui indique que le dispositif ne permettant pas de sortir de la salle, toutes précautions doivent être prises avant… Mais elle l’indique 30 secondes avant le début… C’est un peu tard !
II - La forme
Je suis très impressionné par le dispositif qui se justifie dans sa forme. La tribune tournante semble rappeler les travelings au cinéma (ce qui est mis en parallèle avec les acteurs se déplaçant au rythme de la tribune). J’avais très peur des projection, je trouve ça globalement beaucoup trop utilisé dans les spectacles aujourd’hui (comédies musicales de Dove Attia et consorts par exemple) et je trouve aussi que ça manque d’âme, puisqu’on y préfère toujours des images de synthèse grossières à du vrai film. MAIS le couloir d’entrée et les images d’illustration lors de l’entrée en salle légitime le procédé : On est dans une galerie de tableaux, justifiant totalement l’usage de 2D.
D’ailleurs les décors eux mêmes sont construits comme des tableaux (Les Lucs sur Boulognes et sont église me rappellent une toile de Friedrich et je pense que c’est intentionnel). Tout est magnifié, on se bat dans un bois à perspective travaillée où le ciel embrasé auréole de gloire un Charrette semblant rappeler son plus célèbre portrait…
Cependant et c’est là que le procédé touche à sa limite… Ces immenses projections, cette centralité de la tribune écrase énormément l’espace scénique, qui manque bien souvent de profondeur (La salle de bal par exemple ou tout le monde doit danser en ligne, même l’élément aquatique que l’on nous avait vantée être plus grande qu’une piscine Olympique n’arrive pas à prendre d’ampleur, surtout qu’il est agrandi virtuellement par projection et semble pour le coup beaucoup moins impressionnant qu’aux Mousquetaires).
Mais en soit le dispositif est original et se justifie, c’est donc un très beau point.
III - Le fond
Je me dois de contredire ce qui a été dit : non, nous n’assistons pas à l’histoire avec un grand H. Et ça n’est pas une critique en soi, de la même manière d’un tableau romantique va traiter d’une bataille célèbre, ce spectacle pour moi n’est pas réaliste. Oui les points de repères historiques sont là, mais ce à quoi on assiste réellement est caricaturé à l’extrême pour justifier une vision totalement personnelle du personnage.
L’usage de Charrette enfant, jusqu’à dans l’ouverture spirituelle (qui n’est pas sans rappeler la fin du Seigneurs des Anneaux d’ailleurs), Charrette qui vient consoler une enfant en tête à tête tel un Superman justicier, les violons en toute circonstance, les danses, l’euphorie et la mélancolie infinie…
Autant le dire tout de suite, j’ai pleuré comme un gosse à plusieurs reprises, mais parce que ce spectacle joue à fond et sans s’en cacher sur une vision émotionnelle du personnage totalement romancée (comme le Roman de Charrette d’ailleurs). Et ça fonctionne ! Si la forme avait voulu être réaliste et le fond ne l’avait pas été ça aurait été exaspérant. Mais là… Là j’ai vraiment vu l’hommage d’un gosse à un de ses héros d’enfance : et c’est beau. Et je préfère ce traitement, bien plus universel.
La seule chose que je reprocherais au fond, c’est qu’en 34 minutes de spectacle, il ne peut pas se permettre d’aller en profondeur. Mais c’est aussi le choix artistique global : les tableaux, du grand, du beau, du sublimé… Au final Charrette me paraît à la fin de ce spectacle comme cette même figure mystérieuse qu’il représente sur son portrait affiché à l’entrée.
Pour m’expliquer l’histoire avec un grand H, le spectacle aurait du faire 2h. Et même si je pourrais en être demandeur, je pense que ça n’est pas son but.