Au commencement …

Comme beaucoup de choses en ce monde, les histoires commencent souvent par des rencontres.

Je me souviens, il y a de cela quelques années, avoir entendu la voix d’un homme dont la portée des mots résonne encore dans mon esprit.

Fermez les yeux, me disait-il, fermez les yeux et laissez-vous bercer par le monde fascinant et mystérieux de la mémoire millénaire des hêtres suprêmes qui jadis régnaient en maîtres sur cette terre vallonnée qu’arpentent les bocages …

Las des phrases à rallonge qui semblaient pourtant être l’apanage de cet homme, je le laissais pourtant continuer.

Imaginez les songes italiens de Catherine, rêvant d’exotisme et de Renaissance. Imaginez la destiné d’une famille, descendante des fouteaux centenaires et déchirée par les blessures fatales et d’argent, appelant ainsi au septième sacrement.
Laissez-moi vous conter l’Histoire de ce lieu à travers les âges, les guerres et les Révolutions. Laissez-moi vous conter l’Histoire de cette colline sacrée à l’abre immense.

C’est alors que l’homme s’ébranla, se déchira, se mue et puis … plus rien. L’homme qui s’était alors manifesté aussi vite qu’il disparut ne donna ainsi plus aucun signe de vie, laissant penser que cette déclaration était beaucoup plus relative au domaine du songe qu’à une pseudo-interaction humaine.

Voilà que près de six ans se sont écoulés depuis cette entrevue. Un temps long, permettant de mettre en évidence tout le mystère qui entourait ce personnage. Il s’avère que l’Histoire est également le fruit de nombreux choix découlant pour beaucoup du hasard. Il m’aura fallu ainsi qu’un bref souvenir au hasard d’un chemin pour me remémorer cette antique et fortuite rencontre.

Qui est-il ? Que sait-il ? Pourquoi un tel mystère autour d’un personnage dont je n’arrivais même pas à me remémorer le visage. J’avais donc décidé d’agir afin de retrouver l’homme et ainsi comprendre toutes les dimensions du personnage.

Plusieurs mois ont été nécessaires pour le retrouver. Franchir les kilomètres, d’indice en indice, trouver des traces de son existence dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles ou encore décortiquer les pièces substantielles qui nous restent de l’Histoire étaient ainsi devenus pour moi une sorte de pain quotidien.

Six mois sont passés depuis le début de ces recherches qui semblaient tenir leur promesse. Mais voici que sans crier gare, l’homme se dresse devant moi, l’ombre de la pièce dans laquelle je me trouvais rendant noir et opaque tout le haut de son corps. L’individu n’avait en aucun cas l’air surpris de me voir. Malgré le froid apparent de l’endroit, aucune buée ne semblait être émise par sa bouche. Je m’approchai pour mieux le voir, rien n’y fait. Il ne me restait qu’une chose à faire, dire à ce personnage ce que je comptais lui demander il y a de cela six années. Face à l’instant présent et à l’attente pour obtenir cet instant l’hésitation était plus que palpable. Mais voilà que je ne puis me retenir, je ne lâchai alors que deux mots :

Raconte-moi.

L’Homme resta droit et sans dire mot s’approcha à son tour de moi. Il s’assit sur ce qui semblait être une pierre mal taillée et déclara :

- Tout commence par un ouvrage. De Wilhem à Gabriel, chacun y aura mis sa trace d’une encre souvent meurtrie par la guerre mais dont la plume ne cessa de briller par son opulence et par un prestige sans égal. Ce livre est le récit d’une vie et dont l’origine remonte à une époque où le Royaume de France n’existait pas encore. Assied-toi, et écoute l’Histoire de ces hommes et de ces femmes qui firent d’une pauvre annexe d’une petite seigneurie provinciale une terre au rayonnement royal sans précédent.

L’Homme me tendit alors un vieux grimoire poussiérieux sans rien de gravé sur sa couverture. il me dit de l’ouvrir. Et sur le premier feuillet, voici ce que je vis :

Source : Gallica – Bibliothèque Nationale de France

« La dessente et filiation des seigneurs du Puy du Fou, au Bas-Poitou, prouvés par des titres … recueilli par les soins de Mre Gabriel , dernier marquis du nom, et des armes du Puy du Fou ».
C’était l’Histoire que l’homme s’apprêtait à me raconter.

À suivre …